Organes, cellules souches, sang… tous donneurs !

Greffes d’organes – Etat des lieux

 

En 1907, la 1ère greffe de cornée est réalisée.  

 

En 1933, la 1ère transplantation de rein est effectuée sur une jeune femme atteinte d’insuffisance rénale.

 

La première transplantation cardiaque a quant à elle été effectuée le 3 décembre 1967, en Afrique du Sud, par le Professeur Barnard.

 

Le 21 janvier dernier, l’Agence de la Biomédecine a communiqué les chiffres 2019 de la greffe d’organes. Ceux-ci font état d’une hausse de 1,6% des greffes tous organes confondus, malgré une activité plus ralentie au cours du second semestre.

 

Ce sont 5897 greffes qui ont été réalisées en 2019, ce qui représente 92 greffes de plus qu’en 2018.

Les greffes rénales sont au nombre de 3641 devant les greffes hépatiques dont le nombre s’élève à 1355. Ces deux types de greffes devancent les greffes cardiaques (425) et les greffes pulmonaires (383). Se retrouvent ensuite les greffes pancréatiques (84) et les greffes cardio-pulmonaires (9).

 

Pour la deuxième année consécutive, le nombre de greffes de reins issus de donneurs vivants a diminué.

 

Le taux d’opposition[1] de 30,5% de la population française au don d’organes reste quant à lui stable depuis 2017. En Belgique le taux d’opposition est de 12,70%, en Espagne il est de 15,60%. La Hongrie figure parmi les bons élèves européens avec un taux d’opposition de 6,60%.

 

La moyenne d’âge d’une personne greffée est de 52 ans, la moyenne d’âge des donneurs est de 57,4 ans.

 

Mais au-delà de ces chiffres, il est à souligner que la qualité des greffes est toujours excellente, ceci notamment grâce à une compatibilité donneur / receveur de plus en plus efficace.

 

Le consentement présumé

 

Depuis la loi Caillavet du 22 décembre 1976, chaque individu, quel que soit son âge, est présumé donneur ; principe réaffirmé par la loi du 26 janvier 2016. Y compris les enfants, puisque ces derniers ont la possibilité de s’inscrire sur le Registre National des Refus dès l’âge de 13 ans.

 

Registre National des Refus sur lequel tout individu devrait s’inscrire pour affirmer sa volonté de ne pas être donneur à sa mort. Car 90% des greffons sont issus de donneurs décédés. En effet, dès le décès constaté, les équipes médicales vont chercher à connaître les volontés du défunt en consultant dans un premier temps le Registre National des Refus. Dans un second temps, l’équipe de coordination hospitalière va s’entretenir avec les proches du défunt afin de connaître sa position vis-à-vis du don d’organes.

 

Plan Greffe 3

 

Le « Plan greffe 3 » (2017 / 2021) a pour objectif l’augmentation du nombre de greffes pour atteindre 7800 greffes d’organes en 2021 dont 1000 à partir d’un donneur vivant[2].

 

Ceci implique que l’activité de greffe continue d’être une priorité pour les établissements de santé.

 

D’où l’importance des campagnes d’information afin que les membres d’une même famille puissent échanger sur cette question avant la mort, qu’elle soit clinique ou encéphalique.

 

En cas de mort encéphalique (ou mort cérébrale), les Médecins peuvent évoquer le prélèvement d’organes avec la famille du patient. Mais il est souvent difficile d’envisager le don d’organes de l’un de ses parents car il est difficile d’assimiler la notion de mort encéphalique. En effet, tant que les machines maintiennent nos proches en « vie » comment décider de les « débrancher » et d’autoriser le prélèvement de leurs organes.

D’autant qu’il s’agit d’une décision à prendre très rapidement et impliquant de nombreux acteurs - donneurs, familles, équipes médicales et receveurs. Rapidité de décision permettant d’apporter les meilleures garanties de réussite aux greffes d’organes. Selon les organes, les délais moyens entre prélèvement et greffes oscillent entre 3 à 4 heures pour un cœur et 24 à 36 heures pour un rein.

 

Don de moelle osseuse, don de sang de cordon : ces dons sauvent aussi des vies !

 

La moelle osseuse, située dans les os longs (comme le fémur) et les os plats (les os du bassin par exemple) renferme des cellules que nous connaissons sous le nom de « cellules souches ». Ce sont ces cellules qui donnent naissance aux globules rouges et blancs, ainsi qu’aux plaquettes.

 

Dans 80% des cas, les greffes de moelle osseuse sont destinées à traiter certaines formes de cancers -  leucémies, lymphomes, myélomes – mais d’autres malades atteints de maladies du sang  peuvent aussi recourir à une greffe de moelle osseuse. Ils sont chaque année près de 2000 malades (enfants et adultes) en attente d’une greffe de moelle osseuse.

 

Ce type de don, réalisé à 75% par une simple prise de sang, est basé sur le volontariat du donneur, qui sera majeur et en bonne santé. Attention toutefois, il faut être âgé de moins de 51 ans au moment de l’inscription dans le Registre France Greffe de Moelle.

 

La difficulté d’un tel don réside dans le faible ratio de compatibilité entre donneur et receveur. En effet, en dehors de la fratrie, cette chance est d’une sur un million. Et ce malgré un accès à une base de données internationale.

 

Comme le don d’organes, le don de cellules souches est inscrit dans un Plan Santé 2017/2021 avec entre autres objectifs, l’inscription de 310 000 donneurs de moelle osseuse dans le Registre France Greffe de Moelle à fin 2021. Les donneurs hommes sont très recherchés dans la mesure où ils ne représentent que 35% des donneurs inscrit dans le Registre français.

 

Le don de sang de cordon (ou don de sang placentaire) constitue une autre source de cellules souches. Sans se substituer au don de moelle osseuse ou de sang, ce don offre une chance supplémentaire de guérison pour les malades.

 

Les cellules de sang de cordon disposent d’un atout non négligeable. Appelées « naïves » sur le plan immunologique, elles génèrent a priori moins de complications post-greffes que les cellules souches adultes de la moelle osseuse ou du sang.

 

En France, la première greffe de sang de cordon a eu lieu en 1988. Actuellement, la greffe de sang de cordon représente environ 8% du total des greffes de cellules souches hématopoïétiques.

 

 

 

Nous avons probablement toutes et tous en nous la conviction que le don d’organes post mortem est vital pour bon nombre de patients, que la greffe d’organes constitue un acte médical de la dernière chance.

 

Et pourtant, envisager le prélèvement d’organes sur nos plus proches parents, ne peut être que complexe et ce quelles que soient les volontés du défunt.

 

Difficile de dépasser les émotions liées au deuil tout en sachant que près de 24 000 personnes en France sont en attente de greffes. A ce jour, moins de 1% des personnes qui décèdent à l’hôpital peuvent être prélevées (un prélèvement possible sur trois est également refusé par la famille).

 

D’après l’Agence de la Biomédecine, cinquante donneurs en moins représentent jusqu’à 300 greffons en moins ; plusieurs organes peuvent être prélevés sur une personne décédée.

 

Avant d’envisager, peut être, le don de ses organes, pourquoi ne pas commencer par un autre don : le don de moelle osseuse et le don du sang ? Tous donneurs !

 

Emmanuelle Cocault

 

 

[1] Le taux d’opposition au prélèvement parmi les donneurs recensés se réfère aux différents modes d’oppositions au prélèvement que sont : l’inscription au Registre National des Refus, le témoignage de l’opposition du défunt par les proches et l’opposition du Procureur de la République ou de l’administration hospitalière.

 

[2] Il semblerait malheureusement que cet objectif de 7800 greffes à horizon 2021 ne sera pas atteint (cf publication de l’Agence de la Biomédecine du 24.01.2020)