Je change de boulot… par choix !
« Ras le bol, j’en ai marre de ce job, je m’en vais. Je plaque tout, je me lance dans une activité qui me plait… enfin ! »
Certains articles ou documentaires nous brossent régulièrement le portrait de ces anciens cadres citadins en mal de nature et de contacts humains quittant la ville pour ouvrir des chambres d’hôtes ; ou de cet informaticien qui a toujours rêvé de travailler avec les animaux et devient comportementaliste canin.
Les termes de « grande démission » faisant référence au marché du travail américain laissent à penser qu’une réelle hémorragie s’y déroule sans possibilité de l’enrayer. Indicateur cyclique, le taux de démissions, historiquement haut depuis fin 2021 / début 2022 en France, est certes élevé mais pas inédit. Structurellement parlant, le nombre de démissions est bas durant les crises (2008, COVID 19…), alors qu’il augmente de façon significative en période d’embellie – lorsque les marchés vont bien, davantage d’opportunités s’offrent aux salariés, les incitant à être plus « à l’écoute » et à quitter plus facilement leur emploi pour en changer, en chercher un autre, voire se retirer de la population active.
Au-delà de la bonne santé du marché du travail, les raisons qui nous poussent à changer d’emploi sont nombreuses. Ennui, difficultés diverses, relations compliquées avec le manager… autant d’éléments qui peuvent nous faire prendre conscience de la nécessité d’un réajustement, d’un changement.
On peut changer d’employeur et continuer d’exercer le métier que l’on connaît dans un autre environnement ou un autre secteur d’activité, mais on peut aussi envisager un changement plus radical grâce à une reconversion professionnelle et s’orienter vers un nouveau métier.
Mener une réflexion sur un changement de métier, nous renseigner sur ce nouveau métier que nous souhaitons faire, effectuer un bilan de compétences, regarder les offres de postes… toutes ces actions nous mettent en mouvement et nous permettent d’avancer à notre rythme vers une reconversion réussie. Vers un métier que nous souhaitons satisfaisant sur le long terme.
N’hésitons pas à laisser du temps au temps afin de mûrir notre réflexion et nous orienter vers les métiers dont nous sommes sûrs qu’ils nous conviendront. Sans réflexion profonde, la probabilité que nos problèmes nous suivent d’un métier à l’autre est élevée.
En voulant nous orienter vers un métier davantage porteur de sens à nos yeux, les aspects négatifs de celui que nous occupons actuellement risquent de prendre le dessus sur une réflexion menée avec objectivité et nous faire occulter les mauvais côtés de notre futur job. Avec parfois son lot de désagréments qui peuvent nous obliger à faire machine arrière.
Ce travail qui ne semble plus nous convenir aujourd’hui et vers lequel nous nous sommes orientés à un moment donné de notre vie était pourtant bien en phase avec nos envies et notre personnalité il y a quelques années. Mais nos envies, nos priorités peuvent avoir changé nous poussant vers de nouveaux prés dans lesquels l’herbe semble plus verte !
Alors on embellit, on fantasme ce nouveau métier qui nous rendra plus heureux c’est sûr. Mais dont la réalité se révèle plus compliquée au quotidien : changement de train de vie, horaires de travail importants, difficultés d’adaptation à la vie rurale (ou inversement) …
Reconversion professionnelle… quand celle-ci n’est pas choisie !
Il y a aussi celles et ceux d’entre nous pour lesquels la reconversion professionnelle n’est pas un choix ; celles et ceux d’entre nous qui subissons cette reconversion pour tout un ensemble de raisons (inaptitude professionnelle, maladie, accident, licenciement) ; celles et ceux dont la « quête de sens » passe avant tout par « comment boucler ses fins de mois », on en parle beaucoup moins…
Face à une rupture professionnelle, nous pouvons nous trouver confrontés à une période de « deuil » plus ou moins longue et douloureuse, avant qu’une forme d’acceptation ne permette de rebondir et de se projeter à nouveau.
Comme bon nombre de ruptures, il y a un avant… et un après dans le parcours professionnel des personnes concernées. Avec à la clef, de la peur, des phases dépressives, du ressentiment et de la difficulté à envisager un avenir professionnel stable. Sans parler des regrets ressentis face à la perte d’un métier souvent apprécié. Et le sentiment de se sentir diminué et de vivre une reconversion professionnelle comme un échec !
Les difficultés résident également dans le fait d’être obligé de se mettre à niveau en suivant des formations. Et finalement commencer une nouvelle carrière en étant « débutant » avec parfois aussi une incidence financière à affronter.
Recruteurs versus reconvertis !
Dans la recherche permanente du collaborateur opérationnel tout de suite, les candidats en reconversion n’ont pas toujours bonne presse face à ceux dotés de plusieurs années d’expérience dans le même métier.
Par souci de sécurité et pour coller au mieux aux demandes de leurs clients (internes ou externes), les recruteurs ne veulent pas toujours prendre le « risque » de sélectionner un profil en reconversion car ils considèrent celui-ci comme repartant de zéro ; sans considérer toutes les compétences et qualités acquises dans leurs postes précédents et qui peuvent s’exprimer dans un nouveau poste ; sans tenir compte qu’un salarié en reconversion a su ou dû se lancer dans l’inconnu, prendre des risques pour aller au bout de ce changement et s’adapter à de nouvelles perspectives professionnelles.
Il n’est pas toujours évident de se frayer un chemin vers cette nouvelle activité : il faut parfois trouver des appuis auprès de notre entourage, de nos proches. Il faut se lancer, passer outre nos peurs, nos doutes.
Cependant, gardons à l’esprit que nous avons probablement beaucoup à gagner en changeant de vie professionnelle.
Disons-nous qu’une reconversion « ratée » est aussi une expérience permettant de mieux nous connaître et d’avancer dans notre cheminement personnel et/ou professionnel.