Télé-travail : où en sommes-nous ?

Il y a ceux qui sont 100% pour.

Ou carrément contre.

Certains l’apprécient à la carte.

D’autres le testent avant de l’adopter… ou pas.

Mais de quoi parlons-nous ?

 

D’une notion pas si ancienne que cela puisqu’apparue dans les activités de service dès les années 70. Notion pas si ancienne et très récemment cadrée par la Loi et la reconnaissance d’un statut et de droits pour celles et ceux qui y recourent. Vous l’aurez deviné, le sujet évoqué concerne le très actuel TÉLÉ-TRAVAIL !

 

Face à la crise sanitaire que nous traversons toutes et tous depuis plusieurs mois, les entreprises ont dû réagir pour pouvoir proposer à leurs collaborateurs de pérenniser leur activité professionnelle hors les murs de ces dernières. En France, nous sommes passés de 7% de salariés « télé-travailleurs » réguliers à 33%.

 

Ainsi, presque tous les acteurs économiques du secteur tertiaire se sont ré-organisés autour du télé-travail, afin de continuer de travailler pendant cette parenthèse qu’a constitué le confinement. Cela de façon brutale, s’imposant à tous, du jour en lendemain. A temps plein sans réelle possibilité de se rendre régulièrement au bureau (sauf dérogation). En cohabitation familiale – les parents télé-travaillent, les enfants et les jeunes télé-étudient.

 

En temps « normal », le principal atout du télé-travail est de pouvoir mieux concilier sa vie professionnelle et sa vie personnelle. Surtout pour les salariés dont les temps de trajet explosent véritablement.  Le temps gagné sur le trajet domicile/bureau diminue de fait la fatigue quotidienne liée aux kilomètres parcourus pour se rendre sur son lieu de travail, qu’ils le soient en voiture ou en transports en commun. Le temps passé pour se rendre au bureau chaque jour peut se chiffrer en plusieurs dizaines d’heures chaque mois ! Autant de fatigue en moins, ce sont la concentration et le gain de productivité qui s’en trouvent augmentés. Sans parler des effets plus que positifs sur l’environnement. Une étude de l’Ademe en 2015 estimait que le télé-travail pratiqué un jour par semaine, engendrait une réduction de 30% des impacts environnementaux liés aux déplacements domicile / bureau.

 

Le télé-travail permet également au salarié d’exprimer son autonomie dans l’organisation de sa journée et la réalisation de ses tâches. Devenu (en principe) plus responsabilisé, le « télé-travailleur » fait évoluer malgré lui les pratiques managériales en termes de confiance et d’autonomie.

 

Travailler à domicile peut permettre parfois d’échapper à une mauvaise ambiance de travail. Mais à l’inverse,  peut également générer la frustration de ne plus voir des collègues appréciés. D’un point de vue purement financier, le télé-travail s’avère « gagnant/gagnant » pour le salarié comme pour l’employeur. Economies liées aux frais de transports, aux frais de fonctionnement de locaux (électricité, chauffage, superficie…). Egalement (mais cela reste à vérifier dans les faits) la possibilité d’une plus grande inclusion de collaborateurs à mobilité réduite ne pouvant travailler qu’à leur domicile.

Ça, c’était pour les points positifs sur la base d’un rythme équilibré entre jours de télé-travail et jours en « présentiel ».

 

Etudions désormais l’impact négatif  du télé-travail de long terme, à 100%, sans alternative.

Ce qui est le cas de nombreux salariés actuellement, dont les Directions par principe de précaution, dans l’actuel contexte sanitaire, n’envisagent pas encore le retour au bureau. Il semblerait que le télé-travail effectué à temps plein depuis six mois maintenant ait de réels impacts sur la santé et le moral de certains salariés.

 

Comme évoqué plus haut et dans l’impossibilité de se rendre au bureau, certains d’entre eux subissent l’isolement en raison de l’absence totale de réels contacts avec ses collègues.

Entre les réunions en visio, les groupes d’échanges, les cafés virtuels… le risque d’une hyper-connexion au travail existe. La nécessaire frontière entre vie professionnelle et vie personnelle n’est pas toujours possible, ne serait-ce que par la configuration de son logement par exemple. Mais aussi par crainte de ne pas être suffisamment « visible » en se déconnectant finalement aux heures habituelles de temps de repos.

 

Dans certains cas, c’est la nécessaire autonomie dont doivent faire preuve les salariés qui peut véritablement peser sur leur organisation. Selon les personnalités, il est parfois plus facile de se motiver dans un environnement dédié au travail (le bureau) et stimulant (présence des collègues, notion de collectif).

La difficulté dans ces temps incertains réside dans la réticence, par inquiétude réelle ou par confort, de certains salariés à revenir physiquement au bureau. L’enjeu managérial dans ces conditions est de maintenir une cohésion d’équipe, le sentiment d’appartenance et le sens collectif propres à l’entreprise.

 

L’un des impacts majeurs est la possible remise en question du principe de « lieu de travail ». La tendance actuelle de l’immobilier de bureau consiste à réduire les surfaces, à repenser l’aménagement des locaux, à choisir des solutions plus flexibles. Avec un risque fort de dilution de l’identité spécifique de l’entreprise.

 

Si certaines entreprises n’envisageaient pas le télé-travail, la crise sanitaire les a obligées à reconsidérer leurs positions. Et à répondre à ce qui constitue depuis plusieurs années la première attente des Cadres en France.

Reste à considérer et à répondre à la nécessité de lien social auquel participe la vie professionnelle et à trouver le juste équilibre de confort entre la solitude du télé-travail et le plaisir du travail d’équipe.

 

Emmanuelle Cocault